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LE BLOG REVEUR DE GERARD 74
28 mai 2013

LOIRE MA MIE

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 JEUDI 7 JUIN

Seynod Les Abrets

Bizarre le départ, pas d'appréhension ; le calme, la sérénité.Est-ce l'expérience ? Je démarre lentement, calmement. Je pédale sans pensées, sans réflexions, sans méditations. Et le ciel dans  tout cela ?  Il vient de verser quelques larmes, larmes de peine, larmes de joie ? Elles glissent sur mon corps et heureusement n'arrivent  pas à pénétrer mon âme. Je vous l'ai dit : bizarre ce départ. Rien ne m'atteint, à part cette  plénitude du voyage. Je verrai par la suite. Comme dans "Sur la  route",  ma roue avant s'accroche à la ligne blanche ; je roule ; je roule et première rencontre : le Rhône.

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Ce  n'est pas toi que je vais côtoyer lors de cette randonnée ; mais, néanmoins  j'apprécie ton accueil. Tu me proposes  un banc  pour le déjeuner et là je peux admirer ta majestueuse désinvolture.  Tu ne sais pas que, né dans les Alpes, ta vie s'arrêtera dans  la Méditerranée ; vos deux corps liquide vont se mélanger et ne faire qu'un. Et  pourtant inlassablement, tes  flots depuis des millénaires suivent le même parcours. Allez, maintenant je te quitte à regret. Regret car la route s'élève, s'éllève, n'en finit pas de s'élever et la forme baisse, baisse, n'en finit pas de baisser. Quand.... miracle. Le camping après avoir traversé les Abrets. Le vent se lève, des nuages naissent dans un  horizon menaçant. Je monte  pour la première fois  ma tente ;  rapide dîner et puis....

Le soir

Ciel noir ; gazouillis d'oiseaux ; le vent caresse mon corps, les éclairs  illuminent mon âme ; le tonnerre résonne dans mon coeur. L'orage dans le lointain, l'orage dans mon cerveau.

J'ai toujours  ressenti une sorte d'angoisse calme et sereine lors des départs quels qu'ils soient. Fermer la porte derrière soi est-il un signe de non retour, un geste définitif ?

 

"Mélodie d'amour" Gérard Bachelet le berce d'ne mélancolie qui étreint une âme solitaire. Solitaire ?  Allons pas tant que çà...

Je  suis seul au bar, le vent devient de plus en plus violent, les oiseaux se sont tus et je sens déjà quelques gouttes alors que  l'orage se rapproche. Il est temps de rentrer.

 

Allez, bonsoir

 

Que vos rêves soient doux, vous qui êtes resté(e)s à Annecy. Je m'endors en entendant la pluie chanter sur la tente qui danse sous le vent.

Je suis bien dans ma coquille.

 

VENDREDI 8 JUIN

Les Abrets Annonay  

La route défile  ; resterai-je donc immobile comme dans une salle de fitness  ? La pluie vient anéantir cette  hypothèse. je la sens  partir de mes yeux, couler sur mes joues ....Non,  je ne vais pas plagier Prévert. Comme hier, je ne ressens rien, je roule souhaitant déjà la fin de l'étape , traversant les villages sans les  voir, voguant à travers  les prairies tel un bateau fantôme. Personne sur les routes, le paysage est gris, les nuages semblent eux aussi s'accrocher à la route et cette  pluie fine qui vient mourir au coin des  lèvres. Je roule sans  penser, cherchant mon chemin,  l'épousant, ne faire qu'un avec lui, : qu'il me porte  rapidement au Gerbier des Joncs là où commencera le vrai voyage  !

Je n'ai pas encore épousé la randonnée ; elle ne s'offrira qu'à Sainte  Eulalie.

Le temps peut être favorise cet état d'esprit

Midi

La pluie s'est arrêtée  mais aucune envie de déjeuner à l'extérieur ; d'ailleurs aucune provision dans les sacoches à part des fruits secs (imprudence de ma part ; il faut  pallier ce manque d'organisation au plus vite ) . A la recherche d'un restaurant.

13 heures

Enfin.!! Il était temps ,  l'hypoglycémie pointait le bout de son museau sournois. Durant le repas, discussion avec des clients fort étonnés de me voir seul, sur la route avec cette  envie de relier Saint Brévin. Je les comprends car moi même je ne me donne aucune explication sur celle ci . (Me) prouver que je peux réaliser un "exploit" (quel  "Exploit" flatter  mon égo ?) Répondre  à l'appel de la route

Peut être la réponse se trouve dans ces deux hypothèses : Envie de partir pour découvrir, se découvrir (d'ailleurs quels sens donner à cette expression "se découvrir" ; introversion afin de se connaître, se mettre à nu pour revenir à l'essentiel ? Dichotomie entre le berger et l'agriculteur. "Ces deux mondes qui se posent et s'opposent.... Cosmopolistisme des voyageurs nomades contre rationalisme des paysans sédentaires(Michel Onfray Théorie du voyage)

 Vision binaire, manichéisye qui peut être réductrice. Car n'y -a -t-il pas en  nous cette ambiguïté,: l'envie de découvrir l'Autre et la peur de se découvrir, de se dénuder.

Combien de fois, lors de discussions sur le fonctionnementpolitique, social des pays, n'avons nous pas préconisé ces quelques mots : "Chez nous...". Sommes nous vraiment à l'écoute ?...

Annonay

L'horizon s'ouvre sur les montagnes ardéchoises. La pluie s'est arrêtée. En traversant le Rhône, j'ai le  sentiment que l'esprit du voyage prend forme ; ce voyage serait-il un voyage initiatique ? Quel sens lui donner ?  A quoi bon chercher, la réponse me sra donnée le long du parcours. Laisse toi porter par cette impression.

Annonay m'accueille avec le soleil ;  sa traversée se fait sans difficulté et je trouve au sommet d'une pente raide le camping, terme de cette deuxième étape ; le temps s'éclaircit sur une nuit calme. 

SAMMEDI 9 JUIN

 Annonay Ste Eulalie 

Le jour s'est levé  avec le soleil et réciproquement. Une journée  particulière :  les premières difficultés avec  la traversée de l'Ardèche et de la Haute Loire  les jours suivants

 Colibri est impatient de partir ; la descente de la Loire va bientôt démarrer. Je rejoins le parcours faux plat  montant  le long de la rivière Cance. Enfin le calme, le murmure du Cance,  le chant des oiseaux  réveillant doucement la nature. De part et d'autre de la route des digitales . Bucolique ; je rêve, mon esprit a quitté mon corps et plane au dessus du chemin à la rencontre d'une paix intérieure.

Je suis rejoint par 2 cyclistes qui m'accompagnent  sur quelques kilomètres et  la discussion s'engage sur les voyages en vélo ; deux retraités qui aimeraient  bien partir également mais qui pour l'instant n'osent franchir le pas. C'est incroyable le nombre de cyclos qui aimeraient mais qui n'osent  pas invoquant toutes sortes d'arguments  au demeurant acceptables ... mais  quelle véritable  barrière les empêche de tenter l'expérience ? La famille, la lenteur du voyage,  la peur de ne pas y arriver, la banalité du voyage car tous les jours, les gestes sont répétitifs, la peur d'abandonner  provisoirement leur confort ? Je ne sais...Et eux mêmes  le savent-ils  ?Peu importe d'ailleurs car si l'envie et  la motivation sont au rendez vous, alors on est capable de se transcender et même le but géographique n'est, pour des raisons  diverses (physiques ou psychologiques)atteint, il restera toujours un aspect  positif de la tentative : un retour sur soi. La route s'élève, les compagnons de  route me quittent devant rentrer  pour midi ; allez  adieu cyclos que  votre route soit clémente. La mienne s'élève de façon continue  pas de replat pour récupérer ; peut importe les jambes sont là . Un regard  sur la carte : pas de col indiqué et  pourtant .... une pancarte indique le col des Barraques . Première difficulté franchie . (Photos  St Martin de Valamas)

 

 

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Descente sur St Agrève. Après le déjeuner, cap sur St Martin  de Valamas (un petit clin d'oeil à  M.) où une pause café s'impose . Et  là j'apprends que  je dois passer par le Gerbier des Joncs difficulté non prévus au départ

Le Gerbier 9 kilomètres de montée depuis St Martial, montée parmi les genêts en fleur, la montagne se revêt de jaune, soleil dans le ciel, soleil dans les près

 Le Gerbier des Joncs

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Le sommet

16 h 30 j'atteins le sommet; est ce  la fatigue mais je ressens le froid ; je ne m'attarde pas et je descends sur Sainte  Eulalie ; descente que je n'apprécie pas ; je ne me sens pas à l'aise ; je frissonne   . Enfin Ste Eulalie   ; le camping est fermé  mais heureusement la barrière est levée. Je m'installe ; le rêve : camping sauvage dans un camping municipal

 

Je  m'endors ; demain commencera véritablement la descente de la Loire

 l'Eglise de Sainte  Eulalie

 

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DIMANCHE  10 JUIN

Ste Eulalie Le Puy en Velay

 

Départ pour la première étape de la descente de la Loire. Le temps pour l'instant est clément. Je rejoins  la Loire, la traverse

les paysages présentent des gorges où la Loire se fraie un passage. Plus poétiquement, la montagne s'ouvre, se déchire pour laisser passer sa Majesté.

 

Petit retour en arrière. Issarlès. Une pause café est nécessaire ; plus  prosaïquement il s'agit d'une autre urgence dont la bienséance m'interdit d'écrire. Toujours est-il qu'au bar, grande discussion écologique avec quelques clients présents, discussion animée  par un personnage  haut en couleur, digne d'un héros de Pagnol. Individu engagé dans  la vie locale avec lequel il aurait été intéressant d'approfondir le débat. Malheureusement ou heureusement, la route m'attend et dehors Colibri commence à battre des ailes d'impatience.

Retour aux choses sérieuses ! La  Loire m'attend et il n'est  jamais bon de faire attendre son Amie.

Et pour plaire  à ma Mie, je modifie  le  parcours  pour la voir de plus  prés.

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Qu'elle est belle au milieu de ces gorges volcaniques, tantôt calme, tantôt comme un poulain ivre d'air, galopant en grondant entre  les rochers, sautant en cascades les roches qui veulent l'empêcher de jouer

Arlempes

 

 

 

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Gourdet

Décidement, la voilà maintenat qui flirte avec le château de Beaufort. Impétueuse jeunesse qui ne se soucie guère de la sévérité d'un prieuré.

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Solignac

Elle coule tranquille, loin des regards curieux, à l'abri des rochers et des forêts ; elle se  prélasse , impudique.

 

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LUNDI 11 JUIN

Puy en Velay  St Rambert St Just

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Je la retrouve, tantôt  grande  adolescente  jouant de ses  charmes en s'étalant sur toute  la vallée, me faisant des clins d'oeil aux détours de la route, tantôt exubérante  en venant frapper les rochers ou sauter quelques dénivelées qui présomptueusement  prétendent  lui barrer  l e chemin.

                                                                

 

Ne  respectant pas cette autorité, elle poursuit son chemin, jeune jouvencelle pleine d'audace et d'inexpérience. Faut-il un barrage (Grandgens) pour la rappeler  à l'ordre. A  Saint Paul  Le Cornillon, elle gonfle ses joues en signe de protestation et semble bouder. Que tu es belle, ma Mie, quand tu boudes !

 

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Réincarnation

 

Hier soir, une tourterelle, au camping,  vient  me rendre visite  et quémander quelques miettes de pain  de son oeil suppliant. Et connaissance faite, elle vient picorer dans ma main, aucunement inquiète.

Ce matin, préparant mon petit déjeuner, le premier être vivant que je voie est  ma tourterelle qui me souhaite le bonjour et vient partager, avec moi, le pain. Quelle est donc cette vieille connaissance qui s'est  réincarnée en tourterelle ?

 

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Rencontre aristocratique et réincarnation 2

Gorges de la Loire . Je  monte  tranquillement en admirant  ma belle qui déambule dans ses gorges. En face vient  un cyclo campeur coiffé d'une casquette. A ma hauteur, quelle ne fut  ma surprise de le voir enlever sa casquette et d'une inclinaison de la tête répondre  à mon salut !!  Réincarnation d'un preux chevalier  monté sur son fier destrier ?

Devrais - je faire le baisemain à une cyclo campeuse pour rester dans la lignée des derniers survivants ?

 

MARDI 12 JUIN

St Rambert  St Just  Corcelles

 

Depuis ce main je te cherche. La dernière fois que je t'ai vue, tu étais à St Rambert. Depuis, plus un murmure, plus un signe. Je pourtant parcours la plaine  de Feurs, mais ; pudique ou boudeuse, tu te caches derrière ton maquillage vert, derrière les cultures et les arbres. Serais tu fâchée ?

 

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Je t'ai enfin retrouvée ; il est vrai que les gorges ne favorisent pas les escapades, toi en bas, moi te surveillant du haut de ma route. Allez, ne sois pas  fâchée, le jeu est terminé. Je  te surveillerai désormais.

Le soleil se couche derrière  un nuage noir, et voilà que, toi aussi tu lui ressembles. Est ce  ce mystérieux château qui te rend si austère ?  Demain, j'aimerais te voir avec un autre maquillage

 Camping


Un camping 3 étoiles pour moi tout seul ; je rêve en regardant  la Loire depuis mon emplacement ; un arc en ciel naît de tes flots0

"C'était un lac de lumière arc en ciel dans  lequel, l'espace d'un instant, je vécus comme un dauphin. Eût-il duré longtemps qu'il eût pu teindre mes occupations et ma vie." (Thureau, Walden ou la vie dans  les bois)

 

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MERCREDI 13 JUIN

Cordelle Digoin

Le jour se lève sur la Loire ; je déjeune en l'admirant ; serais-je  amoureux d'un élément liquide ?  Quelles sirènes veulent me retenir ? Il est vrai que j'entends  un chant mélodieux ou plus précisément  un poème de Han Shan :

                " Au sommet de Han Shan la lune ronde

                               et solitaire

                éclaire le ciel serein et vide

                précieux trésor  naturel, sans  prix

                enfoui dans l'esprit, inondant  le corps"

Aujourd'hui, le ciel n'est pas illuminé par la lune mais un arc en ciel me montre  la direction d'un trésor enfoui à ses pieds. Quel trésor ? A vous, à nous de le découvrir

 

 

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"Entre Fleuve et Canal"

Doit on écouter les conseils et renseignements donnés par les gens ?

"Vous pouvez rejoindre Digoin par le chemin de halage à partir de Roanne". Fort de ce renseignement donné par 2 personnes, je m'élance le long du canal  mais il s'avère qu'avec une remorque , le parcours n'est pas aisé ; je préfère rejoindre la route départementale.

 

Tu m'as encore échappé

Entre, forêts champs et  canal

Mon regard scrute, désespéré

L'horizon fatal

 

Horizon fatal car  il se   charge  de  nuages  noirs

 

Pluie sur la route, on sort le k way, on le rentre  Aujourd'hui, la route est  monotone, hâte d'arriver à l'étape. Pierrefitte / Loire  ou Digoin ; ce sera Digoin.

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JEUDI 14 JUIN

Digoin St Martin d'Heuille

Visite du pont-canal de Digoin fermé au public pour travaux. Impossible de le traverser  pour récupérer la piste cyclable. Demi-tour,, revenir sur  ses  pas, recommencer le jeu de piste et  la trouver pour rejoindre  le canal latéral.

 

 

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Fraîcheur  matinale, légère brume qui monte en colonnes sur les flots calmes, quelques écluses qui viennent  agrémenter la monotonie distrayante et reposante du paysage aux couleurs "pastel".

 

A Diou, changement de décor ; l'Artiste a délaissé les eaux et s'aventure dans la composition de paysages campagnards avec  des sujets plus vallonnés. Et la Loire ? Elle coule quelque part sur ma gauche, mais je ne la vois pas, je ne la devine pas.

Rencontre de nouveau avec le canal latéral  ; donc  mon Amie n'est pas loin, ça y est, je  la vois ; ce n'est plus la jeune adolescente turbulente ; elle a mûri, elle est devenue sérieuse.

16 heures. Arrivée à Nevers ; quelques courses pour le repas de ce soir avec enfants et petits enfants. Hâte de les revoir.

 VENDREDI 15 JUIN

St Martin d'Heuille  St Satur

Retour sur Nevers pour rejoindre  le bec d'Allier (l'Allier se jette dans la Loire à Marzy) ; retrouvé  la piste cyclable à Marseille les Aubigny.

Le calme est total, quelques cyclos-toursites rencontrés, un bref salut chaleureux et chacun suit son destin.

En groupe

ou seul

Solitude

"Quelle sorte d'espace est celui qui sépare un homme de ses semblables et le rend solitaire" (Thoreau, Walden ou la vie dans les bois)

Aujourd'hui, je  n'ai pas envie d'être seul. J'ai besoin d'entendre une voix d'un être cher.

Peut être parce que j'ai quitté les enfants.

Envie de téléphoner. La solitude est elle la compagne de l'homme ?

Certes avec elle, on peut méditer, rêver sans contrainte, sans contradiction.

Et après, qu'en  reste -t-il ? 

Comment partager ses craintes , ses rêves, ses angoisses, ses espoirs si personne ne  peut  les écouter, les entendre ?

J'en suis à ces réflexions alors que je roule sur une grande ligne droite, bordée d'un  côté de champs et de l'autre La Loire.

 

Et ce n'est pas  cette compagne qui m'apportera la réponse. Si elle existe !

La Loire coule, imperturbable depuis la nuit des  temps, se moquant éperdument de ces réflexions dérisoires quand on sait toutes les souffrances qu'elle  a connues, côtoyées, et souvent engendrées.

Et pourtant ...

Je vais essayer de te suivre jusqu'au bout  de ton voyage , en espérant que ce ne soit pas la fin du mien.

Doutes !

 

 

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SAMEDI 16 JUIN

St Satur St Père sur Loire

Rencontres

 

Sur la route brèves rencontres avec d'autres cyclos. Un salut, un geste, un sourire sont les seuls échanges. Brefs  mais importants.

Puis chacun, dans le flot de la vie se laisse porter par le courant du hasard. Et une question : Pourquoi cette envie de voyage ?

Fuir une banalité pour retomber dans une autre ;

recherche d'une quête, une preuve.

Désirs de rencontres

Mais quelles rencontres ? Comme je l'ai dit, elles sont éphémères ; et, même si l'on échange quelques mots , des impressions, elles disparaîtront dans notre mémoire.

Alors rencontre avec soi-même. Mais  alors pourquoi ?

La réponse est peut être plus simple, plus dure :

Partir procure une joie égoïste. La route est égoïste, elle ne partage rien ;  elle vous prend, vous la prenez mais où est le don ?

Elle ne vous donne rien, vous lui volez joies et peines mais il n'y a pas partage.

 

 

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Et devant moi, la Loire qui, grossie par les pluies de ces  derniers jours continue inlassablement sa route, laissant ses  flots vagabonder dans son lit, emportant dans ses moments de colères les berges. Elle aussi prend sans  partager.

 

Rencontres bis

 

Cependant certaines rencontres  tout aussi éphémères resteront présentes en mémoire : écureuil assis sur son derrière et me regardant d'un œil narquois avant de se cacher dans les arbres, ragondin allongé au bord du canal  profitant benoîtement d'un rare rayon de soleil, chevreuil bondissant  à travers un champ de blé avant de disparaître dans les bois, lapin m'ouvrant la route en bondissant  sur la piste avant de trouver refuge dans les hautes herbes du talus.

Vous avez été durant de brèves secondes mes compagnons qui ont apporté un  arc en ciel de fraîcheur dans des moments de grisailles météorologiques .

           

Dimanche 17 juin

St Père sur Loire  Beaugency

Que dire de cette journée ? Commencée sous un ciel très chargé (il a plu durant  la nuit)

Ce matin sur  la route ,escargots et limaces.

     "Réflexions   "anthropologiques""

Pourquoi les escargots  nous inspirent plus de sympathie que les limaces ?

Ils portent leur maison sur leur dos comme les routards  ou autres nomades . Ceux ci sont ils pourtant bien considérés par notre société sédentarisée ? A moins que  notre pudeur judéo- chrétienne  (ou en généralisant la pudeur religieuse) rejette systématiquement  la vision d'un corps totalement dénudé .

Tel est le débat vélocipède de ce jour interrompu ( heureusement ?) par l'arrivée d'un cyclo français qui,  intéressé par une randonneuse, se renseigne sur Colibri.

En cours de journée, le temps se lève et j'arrive à Beaugency sous le soleil . Je cherche le château mais quelle déception. Une  simple tour mal entretenue , pas de jardin.

 Heureusement le camping  m'offre  une place de rêve devant la Loire .

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LUNDI 18 JUIN

Beaugency Amboise ou l'étape à remonter  le temps (souvenirs, souvenirs...)

 

 Route de Chambord

 

Très peu écrit aujourd'hui ; je suis resté muet ; comme cette route déserte  qui semble mener nulle part sous un ciel   chargé  d'animosité ,et puis, au bout du chemin .....

...Chambord avec ces trois cents cheminées.

Ecole primaire du Parmelan  1959, l'époque des bons points et  des images.

dix bons points =  1 image

Et je me souviens de cette  image du château de Chambord que j'ai reçue. A l'époque, Chambord me  paraissait inaccessible,  un lieu que je n'aurai jamais l'occasion de visiter. Vous pensez  bien ; c'est si loin . Et lorsque j'ai revu ce lieu  inaccessible à mes yeux d'enfant,  j'ai repensé à ce petit garçon qui rêvait devant son image.

 

 

 

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Puis vient ensuite Blois

 Blois

 Non, je n'irai pas visiter  son hôpital. (bien que la ville soit hospitalière...)

Blois 1994

Lors d'un retour de randonnée en vélo , nous apprenons, Yvette et moi , que Julien, parti avec un autre groupe, a été hospitalisé à Blois victime d'un début d'insolation.

Aujourd'hui, aucun risque de ce côté ;  bien  au contraire , l'humidité s'empare de la moindre  parcelle de mon corps.

 

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 Ah ! ce soir dormir dans un lit  au sec et une  journée de repos demain ; ne  pas avoir à monter ou démonter la tente dans l'humidité. Petit joueur.....

                 

MARDI 19 JUIN

Journée de repos à Amboise

Révision et nettoyage vélo  Visite d'Amboise  et  du château de Chenonceau.

 

 

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 Chenonceau

Château de Diane de Poitiers qui , pendant  la  Première Guerre  Mondiale servit d'infirmerie  et de ligne de démarcation durant la Seconde

  

MERCREDI 20 JUIN

Amboise Candes St Martin

 Sur la route, un  viticulteur descendu de son "Transit" m'interpelle :

"There's another road for bikes on your right"

Faut-il  croire  que  tous  les cyclos sont étrangers  ?

OK mon gars, je vais la prendre  la route "for bikes"

Je n'avais pas vu le panneau indicateur à l'embranchement  précédent.

  

                                               Le ciel a pleuré de  toutes ses  larmes  

                                               L'homme essuie ses  peines

  

Tours et détours dans Tours

 

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 Cathédrale de Tours

 

Collégiale de Candes St Martin

 L'histoire indique que St Martin est venu à Candes régler de vils problèmes d'intendance à  la Collégiale . Après avoir accompli sa  mission,  il mourut dans cette église.

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Le  vide . Version personnelle

J'ai l'impression de rencontrer le Vide. Tout ce qui est appelé à disparaître s'apparente -t-il au Vide?

Tout ce qui disparait est Vide

L'Homme disparaît

Donc l'homme est  le Vide.

 

Version taoïste

Le vide est  l'endroit où se  manifestent  les réseaux vitaux .Aucunement, comme dans  la pensée  occidentale , le vide est associé à un sentiment d'effroi, de chaos, assimilé au néant.

Tchouang-tseu,  (père du taoïsme) préconise "la pertinence d'un retour à ce vide chaque fois que, pris au piège du mental  la personne aboutit au fond d'un cul- de-sac. D'où la pratique du vide comme art d'échapper-si brièvement soit-il-au processus du  devenir et de la croissance en s'approchant de l'Origine"(Jil Silbertein La  Terre est  l'oreille de l'ours)

Mais si, dans  notre  croyance chrétienne,  le Vide (la Mort) est   un passage obligé pour atteindre  La Vie Eternelle,  il permet de ce fait de s'approcher de l'Origine (Dieu)           

"Les hommes d'aujourd'hui cherchent le chemin des nuages

le chemin des nuages est obscur, nulle trace

les montagnes sont hautes, les précipices dangereux

les ravins sont  profonds, les eaux troubles.

Les pics de jade devant et derrière forment  une barrière

Les nuaes blans  à l'ouest, à l'est.

Vous voulez savoir où se trouve  le chemin des  nuages ?

Le chemin des nuages c'est  le vide" (Han Shan, le Merveilleux chemin de Han Shan)

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JEUDI 21 JUIN

Candes  St Martin  La Possonnière (Angers)

Première surprise de la  journée

Suite  au violent orage de cette nuit, un arbre s'est couché sur la piste. Comment passer cet  obstacle avec une remorque.

Couper  des branches sur le bas coté et en prenant garde de ne pas glisser dans le fossé franchir ce passage.

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Deuxième surprise

La piste en terrain naturel (terre) s'est transformée en piste de boue difficilement praticable et très glissante. Retrouver l'asphalte  au plus tôt.

Troisième surprise

Erreur de parcours qui a "permis" de rallonger de 14 kilomètres évidemment contre  le vent.

Retrouvé Jean Philippe, rencontré  la veille au camping sur la route près d'une boulangerie. Quand  la faim nous tient.

Pour lutter contre le vent, nous roulons de concert en prenant des  relais;

"Gérard, est ce normal  ; ta  remorque ne suit pas ton vélo ; elle est  inclinée de  30 degrés environ"

Sûrement une  mauvaise répartition de la charge.

On continue de rouler en silence, chacun concentrer  sur la gestion de ses efforts. la solitude doit engendre réflexion et méditation. Aujourd'hui, il n'en  est rien.

Seule préoccupation : l'étape, lutter contre  ce vent violent que j'aurai jusqu'à  St Brévin

Jean Philippe décide de s'arrêter  à  St Gemmes. Je continue seul les derniers kilomètres pour atteindre  le Camping à la Possonnière.

"Vous pouvez choisir votre emplacement mais je préfère vous prévenir ce soir c'est la fête de la musique".

Installation au camping lorsque j'aperçois Jean Philippe qui arrive : camping de St Gemmes fermé.                                                               

 

Quatrième surprise

Inspection de la remorque : deux soudures ont  lâché ce qui explique  l'inclinaison constatée.

Réparation de fortune.

Et puisque c'est  la fête de la musique autant en profiter : un groupe de   rock sympa et  lors de la visite du village je repère  un garagiste ; je m'y rendrai demain pour réparation 

                                                   

VENDREDI 22 JUIN

La  Possonnière Ste Luce (Nantes)

 

Grosse frayeur

La remorque réparée (soudure assurée  par le garagiste repéré la veille), je l'accroche et je repars rassuré en direction de Nantes lorsqu'un bruit se fait entendre. Le vélo stoppe net et je chute heureusement sans gravité.

Que se passe - t-il ? Au départ dans l'euphorie de la réparation, je n'ai pas  vérifié l'ancrage de la remorque et un bras s'est décroché.

Remorque couchée sur le flanc,  l'attache rapide dans les  rayons, roue arrière coincée.

Le voyage s'arrêterait-il ici  la veille de l'arrivée à St Brévin pour une stupide négligence ?

 

Découragement... Désespoir....

 

Et puis non. Ce n'est pas si grave. réparation effectuée. Apparemment  tout fonctionne. Je  repars soulagé et néanmoins  une  inquiétude : et si l'axe est faussé ? Non la roue tourne normalement

 

De  nouveau le compagnon de route

 Arrêt  pour faire  le point sur la carte  à un carrefour

"Gégé"

C'est Jean Philippe parti plus tard du camping qui (par hasard ?) me rejoint.

Je lui narre  l'incident ; en roulant, il examine ma roue et la remorque.

Rien d'  anormal. On continue  ; la "banane" est revenue.

 

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L'après midi, le vent se lève, moins virulent qu'hier. on roule de concert.

Mais nos chemins se séparent à Oudon. Jean Philippe remonte sur la Bretagne.

Adieu compagnon, on ne reverra plus ; que ta route s'accompagne de rencontres et qu'elle t'offre son écrin de beauté.

 

Je continue sur sainte Luce, terme de cette étape.

  

Accueil

"Vous "faites" la vélo route de la Loire ?  La direction du camping offre l'apéritif à tous les cyclos ; et  hier vous vous êtes perdu ?

Tenez voici un petit instrument qui vous évitera  ce type d'erreur"

 Et je deviens ainsi  l'heureux  propriétaire d'une boussole porte clé . Merci pour ce  brin d'humour accompagné d'un sourire radieux (ou moqueur).

SAMEDI 23 JUIN

Ste Luce (Nantes)  St Brévin

 Dernière étape de la première partie du voyage

Le soleil s'est levé pour m'accompagner .

Couëron : la traversée  de la Loire est assurée par un bac  : une  première  pour Colibri ; quant à Mage, il jette ses grands yeux sur la rive  opposée  ; celle qui nous permettra de rejoindre  l'estuaire en longeant  un canal

 

 

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Que vois - je ? Hallucination ?  Dali aurait-il séjourné au Pellerin  ?  Un bateau mou. J'apprendrai plus tard qu'il s'agit l'une des œuvres qui ont  créées le long de la Loire. Tellement étonné que j'ai oublié de le prendre en photo. (Pour plus d'informations le bateau mou est l'œuvre de  Erwin Wurm)

  

Midi pause déjeuner.

Décidément la remorque est un facteur d'échanges : un couple s'arrête  pour  renseignements et s'ensuit une conversation agréable sur les voyages. Finalement, nous déjeunons ensembles.

St Brévin les Pins

St Brévin enfin. St Brévin déjà. Je suis arrivé;

1500 kilomètres pour voir la Loire que j'ai délaissée dans mes propos se jeter  à corps perdu dans  l'océan.

1500 kilomètres et je me jette  à corps perdu dans mon rêve  réalisé.

doux paradoxe qui m'envahit :

                 la joie immense, la fierté 'y être arrivé seul

                la déception et de regret que ce soit déjà fini.

Jean Philippe me disait que, même s'il avait rencontré un compagnon en cours de route, il terminait toujours la dernière étape seul  , à allure réduite pour retarder  la joie du but atteint

 

Comme un enfant qui attend les jouets  à Noël et   quand  il les découvre  rêve au prochain.

La joie de l'instant T, du moment  présent, de cette fierté qui m'envahit.

Envie de partager ce sentiment. Je  téléphone, j'envoie des textos

Leur faire partager ma joie, mon rêve.

 Allons Colibri et Mage,  ne boudons pas notre bonheur. Contemplons cet estuaire, parcourons le des yeux, photographions le dans notre mémoire.

  Un couple a assisté à mon arrivée et  à mon émotion . Ils  proposent de  me prendre en photo. Hasard de la vie ? Il n'y a pas de hasard diront certain(e)s.

Deux couples se sont  proposé de  me prendre en photo , l'un au Mont Gerbier, l'autre  à St Brévin ; naissance et fin des deux parcours : la Loire et le mien. Hasard ?

 

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Installation au camping

 

Tout a  une fin même et surtout les instants magiques. Après mon installation, je retourne au bord de l'océan et je me promène, les pieds dans l'au, la tête dans les cieux.

Je  m'allonge sur le sable e je m'endors, gardant en moi, jalousement, cette joie, cette émotion.

 

Le soir

Rencontre des deux canadiens qui partent de St Brévin pour rejoindre Constanta  (Roumanie Mer noire) 3800 kilomètres. Un autre rêve.

 

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DIMANCHE  24 JUIN

St Brévin Oudon

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Je quitte Saint Brévin, ; un retour sur le sentier du serpent de l'océan (statue dans  l'estuaire) pour revoir et  revivre différemment  l'instant magique  d'hier

il revient, me charge d'émotion de  nouveau ; j'aimerais rester  mais le  retour m'appelle et je  repars

 

                               Aujourd'hui , le ciel est gris,

                               hier,  il  était bleu.

Allez  pas de nostalgie , direction Oudon

Arrivée à Oudon sous la pluie

Le camping prévoit pour les randonneurs  un "barnum" sous lequel on peut  manger   à l'abri. je sens  le froid et l'humidité  s'insinuer sournoisement dans  mon corps. Un thé sera  le bienvenu ; le réchaud chauffe l'eau, je  prépare ma théière ; quelques  pincées de thé vert, ma tasse est prête à accueillir chaleureusement mon breuvage favori et je  pense à Ibrahim préparant le "whisky  berbère" (thé  à la menthe)  lorsque deux anglais s'exclament  :  

"Oh  !!! the tea pot ! Admirable!!..."

LUNDI 25 JUIN

Oudon Mée

La pluie  ma nouvelle compagne aujourd'hui  ; douce, pénétrante, caressante elle coule le long des joues,  le long des jambes  pour  finir dans  les chaussures  ; et cette route mouillée qui me renvoie  l'eau dormante ; et ce bouillard qui m'enveloppe :  "Allez  petit cycliste, viens te réfugier dans  mes bras vaporeux, viens..."

Et je roule sans distinguer le paysage ; et  je roule dans ce décor brumeux que déchirent les phares des voitures

 

Petit cycliste qui roule en pensant que ce soir il dormira au sec chez  un  neveu

Roule petit cycliste roule et surtout enferme toi dans ce coton que t'offrent les cieux

 

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MARDI 26 JUIN

Mée Saumur

Départ pour Candes Saint Martin  mais la fatigue et  la lassitude en cours de route  m'imposent  une étape plus courte

La pluie s'est calmée mais les cieux restent toujours  menaçants . Quel sacrilège  ais-je donc commis pour attiser les foudres des dieux ?

Je suis en improvisant des routes touristiques qui me permettent de flirter avec la Mayenne.  Mais de nouveau, aujourd'hui la solitude  me pèse. Cet état survient  les lendemains de bivouacs en famille J'ai tellement envie de parler de mes ressentis , de mes joies, de mes inquiétudes, de  la beauté des paysages traversés et  les mots n'arrivent pas  à traduire ces sentiments.

Je suis un piètre conférencier et ces veillées  me  laissent  un goût d'inachevé

Comment parler de ce que l'on ressent sans  paraître niais  ou égocentrique   ? La solitude te plait : tu deviens égoïste ; elle te pèse : personne ne t'a obligé de partir  ; la pluie vient souiller ton voyage : elle fait  partie du décor .

Certes, mais  ...

Et ces réflexions me mènent  à Saumur

Et là ...surprise

Les deux anglais d' Oudon et le couple de canadiens rencontrés à Saint Brévin (ils vont jusqu'à Constanta  en Roumanie  - Mer Noire 3800 kilomètres) font également étape à Saumur

Hasard qui fait et défait les rencontres, noue et dénoue les échanges

   

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 MERCREDI 27 JUIN

Saumur Amboise

Je  navigue entre les rives gauche et droite de la Loire.

Je navigue également entre deux autres rives :

                 celle de la continuité du voyage

                 et celle du retour au foyer

Finalement, l'homme flotte dans  l'incertitude, le questionnement ; que faut-il penser de cette  envie de voyager ? Qulles espérances nous apportent-elle ? qulles déceptions....?

Peu de déceptions si ce n'est celles de ne pouvoir approfondir les échanges  lors des  rencontres.

Ce  soir, je dormirai chez les jeunes. Plaisir de les revoir. Halte reposante pour le corps et l'esprit. 

Envie de partager

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JEUDI 28 JUIN

Amboise Mehun/Yèvre

Quitter Amboise, décision prise de  raccourcir le voyage  en évitant la boucle de la Loire à Orléans

Itinéraire Amboise Vierzon nevers et retour sur Seynod le plus rapidement. Envie de retrouver  le foyer . Fatigue

Cette décision donne des ailes  à Pégasse. Il survole la Loire, le Cher, me laissant le temps de flâner dans  mes rêveries. Le soleil les illumine.

Mais  la triste réalité revient me rappeler  à l'ordre : une soudure réalisée la semaine dernière vient de lâcher. Arrêt technique à Vierzon où un artisan me dépanne. Merci à toi, Vulcain qui me permit de repartir.

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VENDREDI 29 JUIN

Mehun/Yevre St Martin d'Heuille


Les roues collent à la route,   jambes lourdes, l'envie n'y est pas et pourtant à l'étape, le confort, les enfants et petits enfants au moins  pendant un  jour. Je roule sans plaisir, l'étape me semble ou est  monotone.

Enfin St Martin, je vais pouvoir me reposer.

Prendre les clefs sur la....

Mais où sont-elles ? Pas de clés.  Attendre l'arrivée des enfants ? alors que je rêvais d'une douche ?

Sur le téléphone un message :  "clés oubliées ; si tu veux, passe  les prendre à la pharmacie". 14 kilomètres supplémentaire pour les récupérer. Et moi qui croyais que je n'avais pas  la forme : plus de 100 kilomètres dans la  journée.

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SAMEDI 30 JUIN DIMANCHE 1 JUILLET

Repos

Déjà une  année de retraite, une année à voyager, à aider les enfants.

Dimanche, petite  marche de 5 kilomètres à St Martin (fête du village) ; promenade sympathique avec les habitants

LUNDI 1 JUILLET

St Martin d'Heuille Diou


Repris la route ce matin, l'envie de rentrer est tenace. J'essaie de voir si je peux gagner une étape ;  cela me semble présomptueux avec la traversée du Beaujolais.

Etape à Diou

Assis au bord de la  Loire ; la sérénité atteint le profond  de mon âme. Je t'ai délaissée ces derniers temps, ma belle. Je te retrouve ici, pleine de sagesse et de vie, écoulant ton expérience vers l'océan. Tu vas  recevoir plus loin, nettement plus loin, l'Allier, La Vienne , le Cher , l'Indre qui vont t'apporter richesse, énergie. Et forte de ces alliés, tu continues ta voie sans te douter qu'à la fin les berges de l'océan vont t'engloutir.

Je t'ai observée, délaissée, retrouvée, aimée ; et pourtant demain  nos chemins vont se séparer.

Et cependant, alors qu'un jour, je rejoindrai les auguste berges de l'éternité et que je disparaîtrai à jamais dans le  néant de l'oubli, toi depuis le mont Gerbier,  inlassablement, éternellement, tu continueras ta route.

"Le sage regarde la Vie et la Mort comme le matin et le soir. Il existe et ne tient pas  à la vie ; il meurt et ne périt pas. C'est  là ce que l'on appelle la longévité. Tu es donc longévité  parce que  tu  ne disparais point " (Tao)

Adieu mon amie

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MARDI 3 JUILLET

Diou Montmerle/Saône

Traversée  du Beaujolais ; château dela Clayette. Très joli paysage sympathique

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MERCREDI 4 JUILLET

Montmerle/Saône Seynod


Je tente de  rentrer  directement sur Seynod.

Traversée de la Dombe

Ambérieu, Culoz. Beaucoup de circulation ; normal ; je prends les routes principales. Quleques coups de fatigue  mais dans l'ensemble le rythme est bon. Val de Fier, les seules difficultés se trouvent en fin de parcours Hauteville, Nonglard. Forme et moral -surtout le moral -me permettent de terminer le trajet.

Et j'arrive enfin à Seynod après deux traversées de  la France.

Parcours iniatique qui m'a permis de voir la naissance d'un fleuve, ce dernier m'ayant accpeté jusqu'à sa destination finale.

Peut-on faire  le parallèle entre un fleuve et la vie de l'homme ? Personnellement  je crois à cette similitude.

Certans trouvent leur quête dans le Chemin (St jacques de Compostelle) "C'est impressionnatn de voir comme ce chemin transforme les gens! Chacun y  est venu avec sa charge d'émotions, de soucis, de désirs, de réflexions et le Chemin balaie tout dès qu'on marche en pleine  naturen malgré des conditions  parois très difficiles" (Gérard Trèves ; Marcher  pour apprendre  à aimer).

Mais cette quête ,cette intériorisation est très personnelle et se retrouve très facilement dès que l'on  souhaite se remttre en question. Est il besoin de parcourir le Chemin , est -il besoin de descendre la Loire pour se retrouver, de retrouver les autres ?

Il faut apprendre  à ouvrir les yeux, à regarder  autour de soi. 

"La quête de soi s'achève au moment du dernier souffle. Jusqu'au tombeau, il s'agit de vouloir encore et toujours la force, la vie, le mouvement. Le monde regorge de volcans à gravir, de nuages à méditer, des fleuves  à descendre, de routes à emprunter" (Michel Onfray Théorie du voyage)

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