LOIRE MA MIE
JEUDI 7 JUIN
Seynod Les Abrets
Bizarre le départ, pas d'appréhension ; le calme, la sérénité.Est-ce l'expérience ? Je démarre lentement, calmement. Je pédale sans pensées, sans réflexions, sans méditations. Et le ciel dans tout cela ? Il vient de verser quelques larmes, larmes de peine, larmes de joie ? Elles glissent sur mon corps et heureusement n'arrivent pas à pénétrer mon âme. Je vous l'ai dit : bizarre ce départ. Rien ne m'atteint, à part cette plénitude du voyage. Je verrai par la suite. Comme dans "Sur la route", ma roue avant s'accroche à la ligne blanche ; je roule ; je roule et première rencontre : le Rhône.
Ce n'est pas toi que je vais côtoyer lors de cette randonnée ; mais, néanmoins j'apprécie ton accueil. Tu me proposes un banc pour le déjeuner et là je peux admirer ta majestueuse désinvolture. Tu ne sais pas que, né dans les Alpes, ta vie s'arrêtera dans la Méditerranée ; vos deux corps liquide vont se mélanger et ne faire qu'un. Et pourtant inlassablement, tes flots depuis des millénaires suivent le même parcours. Allez, maintenant je te quitte à regret. Regret car la route s'élève, s'éllève, n'en finit pas de s'élever et la forme baisse, baisse, n'en finit pas de baisser. Quand.... miracle. Le camping après avoir traversé les Abrets. Le vent se lève, des nuages naissent dans un horizon menaçant. Je monte pour la première fois ma tente ; rapide dîner et puis....
Le soir
Ciel noir ; gazouillis d'oiseaux ; le vent caresse mon corps, les éclairs illuminent mon âme ; le tonnerre résonne dans mon coeur. L'orage dans le lointain, l'orage dans mon cerveau.
J'ai toujours ressenti une sorte d'angoisse calme et sereine lors des départs quels qu'ils soient. Fermer la porte derrière soi est-il un signe de non retour, un geste définitif ?
"Mélodie d'amour" Gérard Bachelet le berce d'ne mélancolie qui étreint une âme solitaire. Solitaire ? Allons pas tant que çà...
Je suis seul au bar, le vent devient de plus en plus violent, les oiseaux se sont tus et je sens déjà quelques gouttes alors que l'orage se rapproche. Il est temps de rentrer.
Allez, bonsoir
Que vos rêves soient doux, vous qui êtes resté(e)s à Annecy. Je m'endors en entendant la pluie chanter sur la tente qui danse sous le vent.
Je suis bien dans ma coquille.
VENDREDI 8 JUIN
Les Abrets Annonay
La route défile ; resterai-je donc immobile comme dans une salle de fitness ? La pluie vient anéantir cette hypothèse. je la sens partir de mes yeux, couler sur mes joues ....Non, je ne vais pas plagier Prévert. Comme hier, je ne ressens rien, je roule souhaitant déjà la fin de l'étape , traversant les villages sans les voir, voguant à travers les prairies tel un bateau fantôme. Personne sur les routes, le paysage est gris, les nuages semblent eux aussi s'accrocher à la route et cette pluie fine qui vient mourir au coin des lèvres. Je roule sans penser, cherchant mon chemin, l'épousant, ne faire qu'un avec lui, : qu'il me porte rapidement au Gerbier des Joncs là où commencera le vrai voyage !
Je n'ai pas encore épousé la randonnée ; elle ne s'offrira qu'à Sainte Eulalie.
Le temps peut être favorise cet état d'esprit
Midi
La pluie s'est arrêtée mais aucune envie de déjeuner à l'extérieur ; d'ailleurs aucune provision dans les sacoches à part des fruits secs (imprudence de ma part ; il faut pallier ce manque d'organisation au plus vite ) . A la recherche d'un restaurant.
13 heures
Enfin.!! Il était temps , l'hypoglycémie pointait le bout de son museau sournois. Durant le repas, discussion avec des clients fort étonnés de me voir seul, sur la route avec cette envie de relier Saint Brévin. Je les comprends car moi même je ne me donne aucune explication sur celle ci . (Me) prouver que je peux réaliser un "exploit" (quel "Exploit" flatter mon égo ?) Répondre à l'appel de la route
Peut être la réponse se trouve dans ces deux hypothèses : Envie de partir pour découvrir, se découvrir (d'ailleurs quels sens donner à cette expression "se découvrir" ; introversion afin de se connaître, se mettre à nu pour revenir à l'essentiel ? Dichotomie entre le berger et l'agriculteur. "Ces deux mondes qui se posent et s'opposent.... Cosmopolistisme des voyageurs nomades contre rationalisme des paysans sédentaires(Michel Onfray Théorie du voyage)
Vision binaire, manichéisye qui peut être réductrice. Car n'y -a -t-il pas en nous cette ambiguïté,: l'envie de découvrir l'Autre et la peur de se découvrir, de se dénuder.
Combien de fois, lors de discussions sur le fonctionnementpolitique, social des pays, n'avons nous pas préconisé ces quelques mots : "Chez nous...". Sommes nous vraiment à l'écoute ?...
Annonay
L'horizon s'ouvre sur les montagnes ardéchoises. La pluie s'est arrêtée. En traversant le Rhône, j'ai le sentiment que l'esprit du voyage prend forme ; ce voyage serait-il un voyage initiatique ? Quel sens lui donner ? A quoi bon chercher, la réponse me sra donnée le long du parcours. Laisse toi porter par cette impression.
Annonay m'accueille avec le soleil ; sa traversée se fait sans difficulté et je trouve au sommet d'une pente raide le camping, terme de cette deuxième étape ; le temps s'éclaircit sur une nuit calme.
SAMMEDI 9 JUIN
Annonay Ste Eulalie
Le jour s'est levé avec le soleil et réciproquement. Une journée particulière : les premières difficultés avec la traversée de l'Ardèche et de la Haute Loire les jours suivants
Colibri est impatient de partir ; la descente de la Loire va bientôt démarrer. Je rejoins le parcours faux plat montant le long de la rivière Cance. Enfin le calme, le murmure du Cance, le chant des oiseaux réveillant doucement la nature. De part et d'autre de la route des digitales . Bucolique ; je rêve, mon esprit a quitté mon corps et plane au dessus du chemin à la rencontre d'une paix intérieure.
Je suis rejoint par 2 cyclistes qui m'accompagnent sur quelques kilomètres et la discussion s'engage sur les voyages en vélo ; deux retraités qui aimeraient bien partir également mais qui pour l'instant n'osent franchir le pas. C'est incroyable le nombre de cyclos qui aimeraient mais qui n'osent pas invoquant toutes sortes d'arguments au demeurant acceptables ... mais quelle véritable barrière les empêche de tenter l'expérience ? La famille, la lenteur du voyage, la peur de ne pas y arriver, la banalité du voyage car tous les jours, les gestes sont répétitifs, la peur d'abandonner provisoirement leur confort ? Je ne sais...Et eux mêmes le savent-ils ?Peu importe d'ailleurs car si l'envie et la motivation sont au rendez vous, alors on est capable de se transcender et même le but géographique n'est, pour des raisons diverses (physiques ou psychologiques)atteint, il restera toujours un aspect positif de la tentative : un retour sur soi. La route s'élève, les compagnons de route me quittent devant rentrer pour midi ; allez adieu cyclos que votre route soit clémente. La mienne s'élève de façon continue pas de replat pour récupérer ; peut importe les jambes sont là . Un regard sur la carte : pas de col indiqué et pourtant .... une pancarte indique le col des Barraques . Première difficulté franchie . (Photos St Martin de Valamas)
Descente sur St Agrève. Après le déjeuner, cap sur St Martin de Valamas (un petit clin d'oeil à M.) où une pause café s'impose . Et là j'apprends que je dois passer par le Gerbier des Joncs difficulté non prévus au départ
Le Gerbier 9 kilomètres de montée depuis St Martial, montée parmi les genêts en fleur, la montagne se revêt de jaune, soleil dans le ciel, soleil dans les près
Le Gerbier des Joncs
Le sommet
16 h 30 j'atteins le sommet; est ce la fatigue mais je ressens le froid ; je ne m'attarde pas et je descends sur Sainte Eulalie ; descente que je n'apprécie pas ; je ne me sens pas à l'aise ; je frissonne . Enfin Ste Eulalie ; le camping est fermé mais heureusement la barrière est levée. Je m'installe ; le rêve : camping sauvage dans un camping municipal
Je m'endors ; demain commencera véritablement la descente de la Loire
l'Eglise de Sainte Eulalie
DIMANCHE 10 JUIN
Ste Eulalie Le Puy en Velay
Départ pour la première étape de la descente de la Loire. Le temps pour l'instant est clément. Je rejoins la Loire, la traverse
les paysages présentent des gorges où la Loire se fraie un passage. Plus poétiquement, la montagne s'ouvre, se déchire pour laisser passer sa Majesté.
Petit retour en arrière. Issarlès. Une pause café est nécessaire ; plus prosaïquement il s'agit d'une autre urgence dont la bienséance m'interdit d'écrire. Toujours est-il qu'au bar, grande discussion écologique avec quelques clients présents, discussion animée par un personnage haut en couleur, digne d'un héros de Pagnol. Individu engagé dans la vie locale avec lequel il aurait été intéressant d'approfondir le débat. Malheureusement ou heureusement, la route m'attend et dehors Colibri commence à battre des ailes d'impatience.
Retour aux choses sérieuses ! La Loire m'attend et il n'est jamais bon de faire attendre son Amie.
Et pour plaire à ma Mie, je modifie le parcours pour la voir de plus prés.
Qu'elle est belle au milieu de ces gorges volcaniques, tantôt calme, tantôt comme un poulain ivre d'air, galopant en grondant entre les rochers, sautant en cascades les roches qui veulent l'empêcher de jouer
Arlempes
Gourdet
Décidement, la voilà maintenat qui flirte avec le château de Beaufort. Impétueuse jeunesse qui ne se soucie guère de la sévérité d'un prieuré.
Solignac
Elle coule tranquille, loin des regards curieux, à l'abri des rochers et des forêts ; elle se prélasse , impudique.
LUNDI 11 JUIN
Puy en Velay St Rambert St Just
Je la retrouve, tantôt grande adolescente jouant de ses charmes en s'étalant sur toute la vallée, me faisant des clins d'oeil aux détours de la route, tantôt exubérante en venant frapper les rochers ou sauter quelques dénivelées qui présomptueusement prétendent lui barrer l e chemin.
Ne respectant pas cette autorité, elle poursuit son chemin, jeune jouvencelle pleine d'audace et d'inexpérience. Faut-il un barrage (Grandgens) pour la rappeler à l'ordre. A Saint Paul Le Cornillon, elle gonfle ses joues en signe de protestation et semble bouder. Que tu es belle, ma Mie, quand tu boudes !
Réincarnation
Hier soir, une tourterelle, au camping, vient me rendre visite et quémander quelques miettes de pain de son oeil suppliant. Et connaissance faite, elle vient picorer dans ma main, aucunement inquiète.
Ce matin, préparant mon petit déjeuner, le premier être vivant que je voie est ma tourterelle qui me souhaite le bonjour et vient partager, avec moi, le pain. Quelle est donc cette vieille connaissance qui s'est réincarnée en tourterelle ?
Rencontre aristocratique et réincarnation 2
Gorges de la Loire . Je monte tranquillement en admirant ma belle qui déambule dans ses gorges. En face vient un cyclo campeur coiffé d'une casquette. A ma hauteur, quelle ne fut ma surprise de le voir enlever sa casquette et d'une inclinaison de la tête répondre à mon salut !! Réincarnation d'un preux chevalier monté sur son fier destrier ?
Devrais - je faire le baisemain à une cyclo campeuse pour rester dans la lignée des derniers survivants ?
MARDI 12 JUIN
St Rambert St Just Corcelles
Depuis ce main je te cherche. La dernière fois que je t'ai vue, tu étais à St Rambert. Depuis, plus un murmure, plus un signe. Je pourtant parcours la plaine de Feurs, mais ; pudique ou boudeuse, tu te caches derrière ton maquillage vert, derrière les cultures et les arbres. Serais tu fâchée ?
Je t'ai enfin retrouvée ; il est vrai que les gorges ne favorisent pas les escapades, toi en bas, moi te surveillant du haut de ma route. Allez, ne sois pas fâchée, le jeu est terminé. Je te surveillerai désormais.
Le soleil se couche derrière un nuage noir, et voilà que, toi aussi tu lui ressembles. Est ce ce mystérieux château qui te rend si austère ? Demain, j'aimerais te voir avec un autre maquillage
Camping
Un camping 3 étoiles pour moi tout seul ; je rêve en regardant la Loire depuis mon emplacement ; un arc en ciel naît de tes flots0
"C'était un lac de lumière arc en ciel dans lequel, l'espace d'un instant, je vécus comme un dauphin. Eût-il duré longtemps qu'il eût pu teindre mes occupations et ma vie." (Thureau, Walden ou la vie dans les bois)
MERCREDI 13 JUIN
Cordelle Digoin
Le jour se lève sur la Loire ; je déjeune en l'admirant ; serais-je amoureux d'un élément liquide ? Quelles sirènes veulent me retenir ? Il est vrai que j'entends un chant mélodieux ou plus précisément un poème de Han Shan :
" Au sommet de Han Shan la lune ronde
et solitaire
éclaire le ciel serein et vide
précieux trésor naturel, sans prix
enfoui dans l'esprit, inondant le corps"
Aujourd'hui, le ciel n'est pas illuminé par la lune mais un arc en ciel me montre la direction d'un trésor enfoui à ses pieds. Quel trésor ? A vous, à nous de le découvrir
"Entre Fleuve et Canal"
Doit on écouter les conseils et renseignements donnés par les gens ?
"Vous pouvez rejoindre Digoin par le chemin de halage à partir de Roanne". Fort de ce renseignement donné par 2 personnes, je m'élance le long du canal mais il s'avère qu'avec une remorque , le parcours n'est pas aisé ; je préfère rejoindre la route départementale.
Tu m'as encore échappé
Entre, forêts champs et canal
Mon regard scrute, désespéré
L'horizon fatal
Horizon fatal car il se charge de nuages noirs
Pluie sur la route, on sort le k way, on le rentre Aujourd'hui, la route est monotone, hâte d'arriver à l'étape. Pierrefitte / Loire ou Digoin ; ce sera Digoin.
JEUDI 14 JUIN
Digoin St Martin d'Heuille
Visite du pont-canal de Digoin fermé au public pour travaux. Impossible de le traverser pour récupérer la piste cyclable. Demi-tour,, revenir sur ses pas, recommencer le jeu de piste et la trouver pour rejoindre le canal latéral.
Fraîcheur matinale, légère brume qui monte en colonnes sur les flots calmes, quelques écluses qui viennent agrémenter la monotonie distrayante et reposante du paysage aux couleurs "pastel".
A Diou, changement de décor ; l'Artiste a délaissé les eaux et s'aventure dans la composition de paysages campagnards avec des sujets plus vallonnés. Et la Loire ? Elle coule quelque part sur ma gauche, mais je ne la vois pas, je ne la devine pas.
Rencontre de nouveau avec le canal latéral ; donc mon Amie n'est pas loin, ça y est, je la vois ; ce n'est plus la jeune adolescente turbulente ; elle a mûri, elle est devenue sérieuse.
16 heures. Arrivée à Nevers ; quelques courses pour le repas de ce soir avec enfants et petits enfants. Hâte de les revoir.
VENDREDI 15 JUIN
St Martin d'Heuille St Satur
Retour sur Nevers pour rejoindre le bec d'Allier (l'Allier se jette dans la Loire à Marzy) ; retrouvé la piste cyclable à Marseille les Aubigny.
Le calme est total, quelques cyclos-toursites rencontrés, un bref salut chaleureux et chacun suit son destin.
En groupe
ou seul
Solitude
"Quelle sorte d'espace est celui qui sépare un homme de ses semblables et le rend solitaire" (Thoreau, Walden ou la vie dans les bois)
Aujourd'hui, je n'ai pas envie d'être seul. J'ai besoin d'entendre une voix d'un être cher.
Peut être parce que j'ai quitté les enfants.
Envie de téléphoner. La solitude est elle la compagne de l'homme ?
Certes avec elle, on peut méditer, rêver sans contrainte, sans contradiction.
Et après, qu'en reste -t-il ?
Comment partager ses craintes , ses rêves, ses angoisses, ses espoirs si personne ne peut les écouter, les entendre ?
J'en suis à ces réflexions alors que je roule sur une grande ligne droite, bordée d'un côté de champs et de l'autre La Loire.
Et ce n'est pas cette compagne qui m'apportera la réponse. Si elle existe !
La Loire coule, imperturbable depuis la nuit des temps, se moquant éperdument de ces réflexions dérisoires quand on sait toutes les souffrances qu'elle a connues, côtoyées, et souvent engendrées.
Et pourtant ...
Je vais essayer de te suivre jusqu'au bout de ton voyage , en espérant que ce ne soit pas la fin du mien.
Doutes !
SAMEDI 16 JUIN
St Satur St Père sur Loire
Rencontres
Sur la route brèves rencontres avec d'autres cyclos. Un salut, un geste, un sourire sont les seuls échanges. Brefs mais importants.
Puis chacun, dans le flot de la vie se laisse porter par le courant du hasard. Et une question : Pourquoi cette envie de voyage ?
Fuir une banalité pour retomber dans une autre ;
recherche d'une quête, une preuve.
Désirs de rencontres
Mais quelles rencontres ? Comme je l'ai dit, elles sont éphémères ; et, même si l'on échange quelques mots , des impressions, elles disparaîtront dans notre mémoire.
Alors rencontre avec soi-même. Mais alors pourquoi ?
La réponse est peut être plus simple, plus dure :
Partir procure une joie égoïste. La route est égoïste, elle ne partage rien ; elle vous prend, vous la prenez mais où est le don ?
Elle ne vous donne rien, vous lui volez joies et peines mais il n'y a pas partage.
Et devant moi, la Loire qui, grossie par les pluies de ces derniers jours continue inlassablement sa route, laissant ses flots vagabonder dans son lit, emportant dans ses moments de colères les berges. Elle aussi prend sans partager.
Rencontres bis
Cependant certaines rencontres tout aussi éphémères resteront présentes en mémoire : écureuil assis sur son derrière et me regardant d'un œil narquois avant de se cacher dans les arbres, ragondin allongé au bord du canal profitant benoîtement d'un rare rayon de soleil, chevreuil bondissant à travers un champ de blé avant de disparaître dans les bois, lapin m'ouvrant la route en bondissant sur la piste avant de trouver refuge dans les hautes herbes du talus.
Vous avez été durant de brèves secondes mes compagnons qui ont apporté un arc en ciel de fraîcheur dans des moments de grisailles météorologiques .
Dimanche 17 juin
St Père sur Loire Beaugency
Que dire de cette journée ? Commencée sous un ciel très chargé (il a plu durant la nuit)
Ce matin sur la route ,escargots et limaces.
"Réflexions "anthropologiques""
Pourquoi les escargots nous inspirent plus de sympathie que les limaces ?
Ils portent leur maison sur leur dos comme les routards ou autres nomades . Ceux ci sont ils pourtant bien considérés par notre société sédentarisée ? A moins que notre pudeur judéo- chrétienne (ou en généralisant la pudeur religieuse) rejette systématiquement la vision d'un corps totalement dénudé .
Tel est le débat vélocipède de ce jour interrompu ( heureusement ?) par l'arrivée d'un cyclo français qui, intéressé par une randonneuse, se renseigne sur Colibri.
En cours de journée, le temps se lève et j'arrive à Beaugency sous le soleil . Je cherche le château mais quelle déception. Une simple tour mal entretenue , pas de jardin.
Heureusement le camping m'offre une place de rêve devant la Loire .
LUNDI 18 JUIN
Beaugency Amboise ou l'étape à remonter le temps (souvenirs, souvenirs...)
Route de Chambord
Très peu écrit aujourd'hui ; je suis resté muet ; comme cette route déserte qui semble mener nulle part sous un ciel chargé d'animosité ,et puis, au bout du chemin .....
...Chambord avec ces trois cents cheminées.
Ecole primaire du Parmelan 1959, l'époque des bons points et des images.
dix bons points = 1 image
Et je me souviens de cette image du château de Chambord que j'ai reçue. A l'époque, Chambord me paraissait inaccessible, un lieu que je n'aurai jamais l'occasion de visiter. Vous pensez bien ; c'est si loin . Et lorsque j'ai revu ce lieu inaccessible à mes yeux d'enfant, j'ai repensé à ce petit garçon qui rêvait devant son image.
Puis vient ensuite Blois
Blois
Non, je n'irai pas visiter son hôpital. (bien que la ville soit hospitalière...)
Blois 1994
Lors d'un retour de randonnée en vélo , nous apprenons, Yvette et moi , que Julien, parti avec un autre groupe, a été hospitalisé à Blois victime d'un début d'insolation.
Aujourd'hui, aucun risque de ce côté ; bien au contraire , l'humidité s'empare de la moindre parcelle de mon corps.
Ah ! ce soir dormir dans un lit au sec et une journée de repos demain ; ne pas avoir à monter ou démonter la tente dans l'humidité. Petit joueur.....
MARDI 19 JUIN
Journée de repos à Amboise
Révision et nettoyage vélo Visite d'Amboise et du château de Chenonceau.
Chenonceau
Château de Diane de Poitiers qui , pendant la Première Guerre Mondiale servit d'infirmerie et de ligne de démarcation durant la Seconde
MERCREDI 20 JUIN
Amboise Candes St Martin
Sur la route, un viticulteur descendu de son "Transit" m'interpelle :
"There's another road for bikes on your right"
Faut-il croire que tous les cyclos sont étrangers ?
OK mon gars, je vais la prendre la route "for bikes"
Je n'avais pas vu le panneau indicateur à l'embranchement précédent.
Le ciel a pleuré de toutes ses larmes
L'homme essuie ses peines
Tours et détours dans Tours
Cathédrale de Tours
Collégiale de Candes St Martin
L'histoire indique que St Martin est venu à Candes régler de vils problèmes d'intendance à la Collégiale . Après avoir accompli sa mission, il mourut dans cette église.
Le vide . Version personnelle
J'ai l'impression de rencontrer le Vide. Tout ce qui est appelé à disparaître s'apparente -t-il au Vide?
Tout ce qui disparait est Vide
L'Homme disparaît
Donc l'homme est le Vide.
Version taoïste
Le vide est l'endroit où se manifestent les réseaux vitaux .Aucunement, comme dans la pensée occidentale , le vide est associé à un sentiment d'effroi, de chaos, assimilé au néant.
Tchouang-tseu, (père du taoïsme) préconise "la pertinence d'un retour à ce vide chaque fois que, pris au piège du mental la personne aboutit au fond d'un cul- de-sac. D'où la pratique du vide comme art d'échapper-si brièvement soit-il-au processus du devenir et de la croissance en s'approchant de l'Origine"(Jil Silbertein La Terre est l'oreille de l'ours)
Mais si, dans notre croyance chrétienne, le Vide (la Mort) est un passage obligé pour atteindre La Vie Eternelle, il permet de ce fait de s'approcher de l'Origine (Dieu)
"Les hommes d'aujourd'hui cherchent le chemin des nuages
le chemin des nuages est obscur, nulle trace
les montagnes sont hautes, les précipices dangereux
les ravins sont profonds, les eaux troubles.
Les pics de jade devant et derrière forment une barrière
Les nuaes blans à l'ouest, à l'est.
Vous voulez savoir où se trouve le chemin des nuages ?
Le chemin des nuages c'est le vide" (Han Shan, le Merveilleux chemin de Han Shan)
JEUDI 21 JUIN
Candes St Martin La Possonnière (Angers)
Première surprise de la journée
Suite au violent orage de cette nuit, un arbre s'est couché sur la piste. Comment passer cet obstacle avec une remorque.
Couper des branches sur le bas coté et en prenant garde de ne pas glisser dans le fossé franchir ce passage.
Deuxième surprise
La piste en terrain naturel (terre) s'est transformée en piste de boue difficilement praticable et très glissante. Retrouver l'asphalte au plus tôt.
Troisième surprise
Erreur de parcours qui a "permis" de rallonger de 14 kilomètres évidemment contre le vent.
Retrouvé Jean Philippe, rencontré la veille au camping sur la route près d'une boulangerie. Quand la faim nous tient.
Pour lutter contre le vent, nous roulons de concert en prenant des relais;
"Gérard, est ce normal ; ta remorque ne suit pas ton vélo ; elle est inclinée de 30 degrés environ"
Sûrement une mauvaise répartition de la charge.
On continue de rouler en silence, chacun concentrer sur la gestion de ses efforts. la solitude doit engendre réflexion et méditation. Aujourd'hui, il n'en est rien.
Seule préoccupation : l'étape, lutter contre ce vent violent que j'aurai jusqu'à St Brévin
Jean Philippe décide de s'arrêter à St Gemmes. Je continue seul les derniers kilomètres pour atteindre le Camping à la Possonnière.
"Vous pouvez choisir votre emplacement mais je préfère vous prévenir ce soir c'est la fête de la musique".
Installation au camping lorsque j'aperçois Jean Philippe qui arrive : camping de St Gemmes fermé.
Quatrième surprise
Inspection de la remorque : deux soudures ont lâché ce qui explique l'inclinaison constatée.
Réparation de fortune.
Et puisque c'est la fête de la musique autant en profiter : un groupe de rock sympa et lors de la visite du village je repère un garagiste ; je m'y rendrai demain pour réparation
VENDREDI 22 JUIN
La Possonnière Ste Luce (Nantes)
Grosse frayeur
La remorque réparée (soudure assurée par le garagiste repéré la veille), je l'accroche et je repars rassuré en direction de Nantes lorsqu'un bruit se fait entendre. Le vélo stoppe net et je chute heureusement sans gravité.
Que se passe - t-il ? Au départ dans l'euphorie de la réparation, je n'ai pas vérifié l'ancrage de la remorque et un bras s'est décroché.
Remorque couchée sur le flanc, l'attache rapide dans les rayons, roue arrière coincée.
Le voyage s'arrêterait-il ici la veille de l'arrivée à St Brévin pour une stupide négligence ?
Découragement... Désespoir....
Et puis non. Ce n'est pas si grave. réparation effectuée. Apparemment tout fonctionne. Je repars soulagé et néanmoins une inquiétude : et si l'axe est faussé ? Non la roue tourne normalement
De nouveau le compagnon de route
Arrêt pour faire le point sur la carte à un carrefour
"Gégé"
C'est Jean Philippe parti plus tard du camping qui (par hasard ?) me rejoint.
Je lui narre l'incident ; en roulant, il examine ma roue et la remorque.
Rien d' anormal. On continue ; la "banane" est revenue.
L'après midi, le vent se lève, moins virulent qu'hier. on roule de concert.
Mais nos chemins se séparent à Oudon. Jean Philippe remonte sur la Bretagne.
Adieu compagnon, on ne reverra plus ; que ta route s'accompagne de rencontres et qu'elle t'offre son écrin de beauté.
Je continue sur sainte Luce, terme de cette étape.
Accueil
"Vous "faites" la vélo route de la Loire ? La direction du camping offre l'apéritif à tous les cyclos ; et hier vous vous êtes perdu ?
Tenez voici un petit instrument qui vous évitera ce type d'erreur"
Et je deviens ainsi l'heureux propriétaire d'une boussole porte clé . Merci pour ce brin d'humour accompagné d'un sourire radieux (ou moqueur).
SAMEDI 23 JUIN
Ste Luce (Nantes) St Brévin
Dernière étape de la première partie du voyage
Le soleil s'est levé pour m'accompagner .
Couëron : la traversée de la Loire est assurée par un bac : une première pour Colibri ; quant à Mage, il jette ses grands yeux sur la rive opposée ; celle qui nous permettra de rejoindre l'estuaire en longeant un canal
Que vois - je ? Hallucination ? Dali aurait-il séjourné au Pellerin ? Un bateau mou. J'apprendrai plus tard qu'il s'agit l'une des œuvres qui ont créées le long de la Loire. Tellement étonné que j'ai oublié de le prendre en photo. (Pour plus d'informations le bateau mou est l'œuvre de Erwin Wurm)
Midi pause déjeuner.
Décidément la remorque est un facteur d'échanges : un couple s'arrête pour renseignements et s'ensuit une conversation agréable sur les voyages. Finalement, nous déjeunons ensembles.
St Brévin les Pins
St Brévin enfin. St Brévin déjà. Je suis arrivé;
1500 kilomètres pour voir la Loire que j'ai délaissée dans mes propos se jeter à corps perdu dans l'océan.
1500 kilomètres et je me jette à corps perdu dans mon rêve réalisé.
doux paradoxe qui m'envahit :
la joie immense, la fierté 'y être arrivé seul
la déception et de regret que ce soit déjà fini.
Jean Philippe me disait que, même s'il avait rencontré un compagnon en cours de route, il terminait toujours la dernière étape seul , à allure réduite pour retarder la joie du but atteint
Comme un enfant qui attend les jouets à Noël et quand il les découvre rêve au prochain.
La joie de l'instant T, du moment présent, de cette fierté qui m'envahit.
Envie de partager ce sentiment. Je téléphone, j'envoie des textos
Leur faire partager ma joie, mon rêve.
Allons Colibri et Mage, ne boudons pas notre bonheur. Contemplons cet estuaire, parcourons le des yeux, photographions le dans notre mémoire.
Un couple a assisté à mon arrivée et à mon émotion . Ils proposent de me prendre en photo. Hasard de la vie ? Il n'y a pas de hasard diront certain(e)s.
Deux couples se sont proposé de me prendre en photo , l'un au Mont Gerbier, l'autre à St Brévin ; naissance et fin des deux parcours : la Loire et le mien. Hasard ?
Installation au camping
Tout a une fin même et surtout les instants magiques. Après mon installation, je retourne au bord de l'océan et je me promène, les pieds dans l'au, la tête dans les cieux.
Je m'allonge sur le sable e je m'endors, gardant en moi, jalousement, cette joie, cette émotion.
Le soir
Rencontre des deux canadiens qui partent de St Brévin pour rejoindre Constanta (Roumanie Mer noire) 3800 kilomètres. Un autre rêve.
DIMANCHE 24 JUIN
St Brévin Oudon
Je quitte Saint Brévin, ; un retour sur le sentier du serpent de l'océan (statue dans l'estuaire) pour revoir et revivre différemment l'instant magique d'hier
il revient, me charge d'émotion de nouveau ; j'aimerais rester mais le retour m'appelle et je repars
Aujourd'hui , le ciel est gris,
hier, il était bleu.
Allez pas de nostalgie , direction Oudon
Arrivée à Oudon sous la pluie
Le camping prévoit pour les randonneurs un "barnum" sous lequel on peut manger à l'abri. je sens le froid et l'humidité s'insinuer sournoisement dans mon corps. Un thé sera le bienvenu ; le réchaud chauffe l'eau, je prépare ma théière ; quelques pincées de thé vert, ma tasse est prête à accueillir chaleureusement mon breuvage favori et je pense à Ibrahim préparant le "whisky berbère" (thé à la menthe) lorsque deux anglais s'exclament :
"Oh !!! the tea pot ! Admirable!!..."
LUNDI 25 JUIN
Oudon Mée
La pluie ma nouvelle compagne aujourd'hui ; douce, pénétrante, caressante elle coule le long des joues, le long des jambes pour finir dans les chaussures ; et cette route mouillée qui me renvoie l'eau dormante ; et ce bouillard qui m'enveloppe : "Allez petit cycliste, viens te réfugier dans mes bras vaporeux, viens..."
Et je roule sans distinguer le paysage ; et je roule dans ce décor brumeux que déchirent les phares des voitures
Petit cycliste qui roule en pensant que ce soir il dormira au sec chez un neveu
Roule petit cycliste roule et surtout enferme toi dans ce coton que t'offrent les cieux
MARDI 26 JUIN
Mée Saumur
Départ pour Candes Saint Martin mais la fatigue et la lassitude en cours de route m'imposent une étape plus courte
La pluie s'est calmée mais les cieux restent toujours menaçants . Quel sacrilège ais-je donc commis pour attiser les foudres des dieux ?
Je suis en improvisant des routes touristiques qui me permettent de flirter avec la Mayenne. Mais de nouveau, aujourd'hui la solitude me pèse. Cet état survient les lendemains de bivouacs en famille J'ai tellement envie de parler de mes ressentis , de mes joies, de mes inquiétudes, de la beauté des paysages traversés et les mots n'arrivent pas à traduire ces sentiments.
Je suis un piètre conférencier et ces veillées me laissent un goût d'inachevé
Comment parler de ce que l'on ressent sans paraître niais ou égocentrique ? La solitude te plait : tu deviens égoïste ; elle te pèse : personne ne t'a obligé de partir ; la pluie vient souiller ton voyage : elle fait partie du décor .
Certes, mais ...
Et ces réflexions me mènent à Saumur
Et là ...surprise
Les deux anglais d' Oudon et le couple de canadiens rencontrés à Saint Brévin (ils vont jusqu'à Constanta en Roumanie - Mer Noire 3800 kilomètres) font également étape à Saumur
Hasard qui fait et défait les rencontres, noue et dénoue les échanges
MERCREDI 27 JUIN
Saumur Amboise
Je navigue entre les rives gauche et droite de la Loire.
Je navigue également entre deux autres rives :
celle de la continuité du voyage
et celle du retour au foyer
Finalement, l'homme flotte dans l'incertitude, le questionnement ; que faut-il penser de cette envie de voyager ? Qulles espérances nous apportent-elle ? qulles déceptions....?
Peu de déceptions si ce n'est celles de ne pouvoir approfondir les échanges lors des rencontres.
Ce soir, je dormirai chez les jeunes. Plaisir de les revoir. Halte reposante pour le corps et l'esprit.
Envie de partager
JEUDI 28 JUIN
Amboise Mehun/Yèvre
Quitter Amboise, décision prise de raccourcir le voyage en évitant la boucle de la Loire à Orléans
Itinéraire Amboise Vierzon nevers et retour sur Seynod le plus rapidement. Envie de retrouver le foyer . Fatigue
Cette décision donne des ailes à Pégasse. Il survole la Loire, le Cher, me laissant le temps de flâner dans mes rêveries. Le soleil les illumine.
Mais la triste réalité revient me rappeler à l'ordre : une soudure réalisée la semaine dernière vient de lâcher. Arrêt technique à Vierzon où un artisan me dépanne. Merci à toi, Vulcain qui me permit de repartir.
VENDREDI 29 JUIN
Mehun/Yevre St Martin d'Heuille
Les roues collent à la route, jambes lourdes, l'envie n'y est pas et pourtant à l'étape, le confort, les enfants et petits enfants au moins pendant un jour. Je roule sans plaisir, l'étape me semble ou est monotone.
Enfin St Martin, je vais pouvoir me reposer.
Prendre les clefs sur la....
Mais où sont-elles ? Pas de clés. Attendre l'arrivée des enfants ? alors que je rêvais d'une douche ?
Sur le téléphone un message : "clés oubliées ; si tu veux, passe les prendre à la pharmacie". 14 kilomètres supplémentaire pour les récupérer. Et moi qui croyais que je n'avais pas la forme : plus de 100 kilomètres dans la journée.
SAMEDI 30 JUIN DIMANCHE 1 JUILLET
Repos
Déjà une année de retraite, une année à voyager, à aider les enfants.
Dimanche, petite marche de 5 kilomètres à St Martin (fête du village) ; promenade sympathique avec les habitants
LUNDI 1 JUILLET
St Martin d'Heuille Diou
Repris la route ce matin, l'envie de rentrer est tenace. J'essaie de voir si je peux gagner une étape ; cela me semble présomptueux avec la traversée du Beaujolais.
Etape à Diou
Assis au bord de la Loire ; la sérénité atteint le profond de mon âme. Je t'ai délaissée ces derniers temps, ma belle. Je te retrouve ici, pleine de sagesse et de vie, écoulant ton expérience vers l'océan. Tu vas recevoir plus loin, nettement plus loin, l'Allier, La Vienne , le Cher , l'Indre qui vont t'apporter richesse, énergie. Et forte de ces alliés, tu continues ta voie sans te douter qu'à la fin les berges de l'océan vont t'engloutir.
Je t'ai observée, délaissée, retrouvée, aimée ; et pourtant demain nos chemins vont se séparer.
Et cependant, alors qu'un jour, je rejoindrai les auguste berges de l'éternité et que je disparaîtrai à jamais dans le néant de l'oubli, toi depuis le mont Gerbier, inlassablement, éternellement, tu continueras ta route.
"Le sage regarde la Vie et la Mort comme le matin et le soir. Il existe et ne tient pas à la vie ; il meurt et ne périt pas. C'est là ce que l'on appelle la longévité. Tu es donc longévité parce que tu ne disparais point " (Tao)
Adieu mon amie
MARDI 3 JUILLET
Diou Montmerle/Saône
Traversée du Beaujolais ; château dela Clayette. Très joli paysage sympathique
MERCREDI 4 JUILLET
Montmerle/Saône Seynod
Je tente de rentrer directement sur Seynod.
Traversée de la Dombe
Ambérieu, Culoz. Beaucoup de circulation ; normal ; je prends les routes principales. Quleques coups de fatigue mais dans l'ensemble le rythme est bon. Val de Fier, les seules difficultés se trouvent en fin de parcours Hauteville, Nonglard. Forme et moral -surtout le moral -me permettent de terminer le trajet.
Et j'arrive enfin à Seynod après deux traversées de la France.
Parcours iniatique qui m'a permis de voir la naissance d'un fleuve, ce dernier m'ayant accpeté jusqu'à sa destination finale.
Peut-on faire le parallèle entre un fleuve et la vie de l'homme ? Personnellement je crois à cette similitude.
Certans trouvent leur quête dans le Chemin (St jacques de Compostelle) "C'est impressionnatn de voir comme ce chemin transforme les gens! Chacun y est venu avec sa charge d'émotions, de soucis, de désirs, de réflexions et le Chemin balaie tout dès qu'on marche en pleine naturen malgré des conditions parois très difficiles" (Gérard Trèves ; Marcher pour apprendre à aimer).
Mais cette quête ,cette intériorisation est très personnelle et se retrouve très facilement dès que l'on souhaite se remttre en question. Est il besoin de parcourir le Chemin , est -il besoin de descendre la Loire pour se retrouver, de retrouver les autres ?
Il faut apprendre à ouvrir les yeux, à regarder autour de soi.
"La quête de soi s'achève au moment du dernier souffle. Jusqu'au tombeau, il s'agit de vouloir encore et toujours la force, la vie, le mouvement. Le monde regorge de volcans à gravir, de nuages à méditer, des fleuves à descendre, de routes à emprunter" (Michel Onfray Théorie du voyage)